La production des déchets par les hommes remonte à la préhistoire. Cependant, les méthodes de tri et de traitement changent au fil du temps. Les techniques utilisées par l'homme pour gérer ces résidus diffèrent ainsi en fonction des époques. Comment évolue la gestion des déchets à travers les siècles ? Cet article répond à cette question fondamentale en fournissant des informations utiles sur l'évolution du tri et du traitement des ordures.
A cette époque où les hommes sont des nomades, ils se préoccupent peu des déchets qu'ils produisent. Constitués essentiellement des restes de nourriture, ceux-ci s'autodétruisent dans la nature. Parce que les hommes ne vivent pas dans un lieu fixe, les déchets ne posent aucun problème d'hygiène et de santé durant la période préhistorique.
Même lorsque naît l'agriculture vers 7000 avant J-C, les méthodes de traitement n'évoluent pas. Bien que les hommes soient sédentaires et vivent regroupés dans de petits villages, ils produisent uniquement des déchets alimentaires. Peu denses, ils se décomposent sans difficulté ou servent de nourriture aux animaux domestiques.
La question des déchets devient une préoccupation dans les grandes villes de l'Antiquité telles qu'Athènes et Rome. En plus de l'invention des toilettes publiques dans la cité grecque d'Athènes, ses habitants doivent la débarrasser de tous les types de déchets. Ils sont par conséquent emportés hors de la ville.
A Rome également, des toilettes publiques sont installées. Les Romains de cette période ont l'obligation de déposer les restes des animaux sacrifiés et les ordures dans des fosses prévues à cet effet. Certains habitants de Rome disposent même récipients en pierre ou de vases en terre cuite dont la vidange est effectuée par des esclaves.
C'est une époque durant laquelle les hommes commencent de plus en plus à se regrouper dans des villes, notamment vers l'an 1000. Cette situation entraîne une accumulation des déchets dans les rues. Celles-ci sont donc sales, boueuses et surtout malodorantes. Les rivières ou la rue constituent pour les habitants des cités moyenâgeuses des endroits privilégiés pour y jeter déchets, carcasses d'animaux et excréments.
L'odeur devenant insupportable pour lui, Philippe Auguste impose en 1185 que soient pavées les principales rues en plus de la création de canaux et fossés centraux en vue du nettoyage de certains quartiers. Malgré la réalisation de ces travaux, le manque d'hygiène public est bien réel dans les villes au Moyen Âge. Au XIIIème siècle, on tente d'y remédier grâce à des règlements obligeant les habitants à certains gestes, comme par exemple nettoyer devant sa demeure au moins une fois par semaine, paver les rues et éviter que les déchets et ordures ne traînent dans la rue ou devant sa maison.
Pour lutter efficacement contre les odeurs, Charles V fait construire en 1343 des fossés d'évacuation couverts. Ces mesures sont difficilement respectées par les gens de cette période, qui refusent de jeter les déchets aux différents lieux prévus. La pollution de la Seine dont les populations boivent l'eau se poursuit ainsi dans l'indifférence la plus totale. Cette situation est à l'origine de plusieurs épidémies de peste dont la plus mortelle reste celle de 1347. En dépit de ces nombreux morts, rien n'est fait pour traiter efficacement les déchets et éviter la prolifération des bactéries, sources de maladies mortelles.
Au final, ce sont les petits cochons qui se chargent du nettoyage de la ville du Moyen Âge en mangeant les déchets et ordures entassés dans les rues.
Entre le XV et le XVIème siècle, la question de l'hygiène dans les villes n'est toujours pas réglée. Le déversement des excréments dans les rues et celui des déchets dans la Seine se poursuivent. Après une nouvelle épidémie de peste en 1522, une ordonnance obligeant à la réalisation de fosses pour toutes les maisons de Paris est prise en 1531 sur les conseils des médecins. Cette mesure inclut également l'interdiction de l'élevage de lapins, de pigeons, de cochons et de divers autres oiseaux dans la cité parisienne.
Ces décrets sont peu respectés par les Parisiens de cette époque, ce qui conduit le parlement à prendre d'autres mesures plus sévères en 1553 : le fait de jeter les immondices par sa fenêtre est ainsi interdit. Toute personne qui déverse également des déchets dans la rivière est condamnée.
Il faut attendre le XVIIème siècle pour voir un début d'amélioration de la situation avec l'apparition des chiffonniers. Les cheveux, les os d'animaux, les vieux vêtements et différents types d'objets susceptibles de réutilisation sont récupérés par ces collecteurs itinérants. Ce qui contribue à rendre les rues un peu propres. De plus, les personnes qui enfreignent la loi sur les déchets sont lourdement taxées par la police sous le règne de Louis XIV. Dès lors, l'hygiène commence petit à petit à s'instaurer dans les villes françaises dont Paris en premier.
L'hygiène générale reste très peu développée en dépit des mesures prises pour retenir les excréments humains dans des fosses se trouvant sous les habitations. Les réseaux de tout-à-l'égout et d'eau potable apparaissent, pour se perfectionner au fil des années. On assiste alors à l’avènement des égoutiers chargés de l'enlèvement des boues. Les voies sont aménagées de manière à faciliter leur nettoyage. Dans cette optique, des caniveaux sont construits en vue du rejet du ruisseau central sur les côtés de la chaussée.
Après la mise en évidence du lien entre la santé et l'hygiène en 1870 par Louis Pasteur, les poubelles font leur apparition une dizaine d’années plus tard. C'est Eugène Poubelle qui ordonne que les déchets soient déposés dans ces récipients spécifiques dotés de couvercle. Les habitants des villes peuvent y déposer leurs ordures ménagères et les placer devant leur porte, et les services municipaux passent ensuite pour les ramasser.
Paris est la première ville de France à s'équiper de centres de traitement de déchets. Ils sont transportés dans des tombeaux avant d'être vidés dans une grande fosse. Ensuite, des ouvriers en plus des chiffonniers se chargent de trier cette gadoue en ne laissant que les matières indispensables à l'agriculture. Celles-ci sont dans un premier temps broyées puis transformées en engrais. Les déchets qui ne peuvent être utilisés comme engrais sont détruits dans des fours pour produire de l'électricité et de la vapeur.
Si en 1907 Paris compte quatre usines de broyage et d'incinération dédiées au traitement des déchets, la collecte municipale des ordures ménagères connaît un début de développement dans les grandes villes. En absence d'une réglementation nationale, cette collecte municipale des déchets n'existe presque pas dans les communes rurales. Une loi sur la gestion des déchets datant du 15 juillet 1975 va donc contraindre chaque commune à mettre en place un dispositif pour collecter et détruire les déchets des ménages.
Ce dispositif qui est une première en France sera ensuite renforcé par la loi Royal. Entrée en vigueur en 1992, elle vise une valorisation des déchets tout en interdisant la mise en décharge. Le recyclage débute ainsi en Hexagone avec l'installation des bacs de tri. Les déchets sont dès lors triés par les ménages.
Pour respecter son engagement pris lors de cette grande conférence à Paris sur le climat dénommée COP21, le gouvernement français a fait voter en août 2017 une loi relative à la transition énergétique pour la croissance. Celle-ci invite à adopter certains gestes écologiques afin de limiter le réchauffement climatique : utilisation des ampoules basse consommation, impression en recto-verso des cours ou encore recharge des piles des jouets.
Nous publions sporadiquement des pages d'informations sur les déchets et le recyclage en général.